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Conférences

Prochaine conférence :

En préparation... Patience !


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Comptes rendus :

 "La prospérité après le dépassement des limites"

par Madame Sylvie Foucher-Guichon

Ingénieure retraitée du Ministère de la Transition Écologique

le 26 septembre 2023.à 17h, INSPE Vaivre

La croissance n’a apporté un certain bien-être qu’à une part de l’humanité, et ses effets bénéfiques s’estompent déjà. Quel espoir réside encore dans la poursuite de la croissance économique dans un système structurellement inchangé? Les travaux de Meadows en 1972 avaient montré que cette poursuite conduit inévitablement ce système à dépasser les limites planétaires et à s’effondrer.

Tant que demeure la base extractiviste du système, l’objectif est juste de faire le moins de dégâts possibles. Un autre concept apparaît désormais : l’économie régénératrice, fondée sur le renouvellement des ressources dont elle a besoin et la capacité des écosystèmes, vivants et sociaux, à maintenir leur intégrité et leur capacité à se réparer ou se reconstituer.

Déjà des entreprises françaises se sont saisies de ce concept et de cette ambition.

La conférencière en rappellera les fondamentaux et illustrera sa conférence d'exemples concrets.

Retrouvez le texte de la conférence et les références des sources sur :

La prospérité après le dépassement des limites planétaires (linkedin.com)

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 Conférence contée proposée sur :  les mythes, contes et légendes

par Mme Edith LOMBARDI

psychologue clinicienne et conteuse, formatrice à l’association Marionnette et Thérapie.

Le mardi 16/05/2023 à 17h, INSPE Vaivre

Pour la deuxième et dernière conférence de cette saison 2022-23, Edith Lombardi fait découvrir à son auditoire la diversité, le sens et l'impact des contes et mythes.On ne connaît pas de peuple, aussi petit soit-il sans contes, sans narration, sans histoires drôles. Les êtres humains sont une espèce fabulatrice. Nous mettons du sens toujours et partout. Sans doute parce que nous avons conscience de notre mort, nous êtres éphémères. Quand une personne revit, toujours très présents, les moments de catastrophe qu'elle a pu vivre et qu'elle n'est plus en capacité de narration, c'est un effondrement psychique pour elle.

 

Le monde des contes est très vaste. Tout enseignant a utilisé des histoires.

Très longtemps le conte était le grand savoir populaire car alors les enfants travaillaient très jeunes et ne lisaient pas. Il y avait de grandes histoires pour faire peur et de petites histoires pour faire rire. Ils étaient dits par des conteurs locaux (sabotier, couturière …) Chacun en connaissait et les racontait dans son patois local autour de lui ou lors des veillées.

Ils sont là pour appréhender l'accueil de la mort, de la différence, du handicap. Par exemple, dans l'histoire du loup et des 7 chevreaux : le loup représente l'angoisse. Quand la maman part dans la forêt laissant les chevreaux seuls, ceux-ci ont peur. Mais le soir quand la maman rentre, avec ses ciseaux elle coupe et ouvre le ventre du loup : elle est forte. Les chevreaux engloutis en une bouchée sont bien vivants ! Les enfants n'ont pas à avoir peur quand ils sont seuls ou dans le noir.

Mais, on n'explique pas un conte, on donne à l'entendre plusieurs fois.

Des contes accompagnent toutes nos peurs, du père, de la mère, l'ogre, l'ogresse ...

Ils sont fondamentaux pour nourrir l'esprit et contribuent à générer le « être ensemble ».

Parfois le conte finit mal : ce sont les contes d'avertissement.

Un personnage prend le bon chemin ; un autre personnage le mauvais chemin et doit affronter de grosses épreuves. Le conte populaire met toujours en valeur la solidarité, les valeurs de travail et d'honnêteté.

Dans le conte merveilleux, à la fin, le héros ou l'héroïne gagne. Il a trouvé son chemin, il a franchi les étapes. Le conte merveilleux commence toujours par une phrase type : « Il était une fois », « au temps où les animaux parlaient », « loin au-delà du temps » …

C'est un temps de silence, on n'entre pas directement dans le conte merveilleux car il n'est pas dans l'espace psychique normal. Il est différent car il a des possibilités de processus magiques et est dans le monde du rêve. On l'ouvre et on le ferme. On ne mélange pas réalité et monde irréel. Avec les malades, il faut bien baliser ces deux espaces différents : la fiction et la réalité.

 

Pourquoi l'humanité a besoin de contes ?

Pour donner des réponses par le conte car dans la vie réelle, on ne peut pas toujours tout entendre.

Exemple : quelqu'un est malade, peut-on et comment lui parler de la mort ?

Le loup est dans la forêt, la nuit est froide et sombre ; mais le loup entend de la musique et est apprivoisé. Il sort de la forêt. Le conte a fait son travail : il donne à la personne la possibilité de se représenter ce qu'elle va vivre, mais dans une représentation supportable : tu as encore du temps devant toi...

Processus très puissant  le conte merveilleux active en nous des choses très fortes et pour longtemps. On lit ou on conte, peu importe, mais il faut bien être dedans !

Les histoires drôles aussi sont un facteur de « être ensemble ».

Il y a aussi les contes d'explication : pour quoi la mer est salée ? Pourquoi le soleil et la lune ne sont-ils pas ensemble ? Il existe des contes pour tous les âges, toutes les situations.

 

Quand arriva l'école, l'écrit, l'exode rural vers les villes, le conte s'est perdu. En ville il n'y a plus d'espace comme en milieu rural. Ainsi on reste en cercle fermé, amis, famille. C'est la perte du conte, l'écrit a pris la place.

 

Quand on parle contes, on pense aussitôt aux contes de Perrault et contes de Grimm (bien qu'il en existe d'autres!). Sait-on combien ces contes sont différents ?

Il existe 11 contes de Charles Perrault (né en 1628). Celui-ci était journaliste, intellectuel, bras droit de Colbert, dévoué à Louis XIV et non conteur. Il a célébré la victoire de Louis XIV sur la Franche-Comté, grand journaliste courtisan. Son fils va prendre son poste et Perrault part en retraite en Normandie et épouse à 44 ans une jeune fille de 19 ans, fille de marchand, qui meurt 4 mois après la naissance du 4ème enfant. Son fils aîné note les contes entendus mais en les moralisant pour en faire une version acceptable par la Cour.

C'est ainsi qu'il existe différentes versions d'un même conte. Comme ceux mettant en scène l'enfant et le loup, dont Mme Lombardi nous raconte brièvement quelques exemples. Parfois ça se termine mal, souvent ça se termine bien. L'enfant se libère par lui-même. Il se sauve par ruse et intelligence.

Chez Perrault, le conte finit mal, comme celui du petit chaperon rouge où grand-mère et gamine sont mangées par le loup, avec comme morale sous-entendue «  jeunes filles méfiez-vous des galants, n'allez pas dans le bois, vous y rencontrerez le loup ! »

Jamais Perrault n'aurait pensé que son nom resterait attaché aux contes, il le voyait lié à l'Académie ! Il n'avait pas le sens de ce qui fait l'essence d'un conte, au contraire des frères Grimm, Jacob et William (nés en 1785 et 86). Le petit chaperon rouge des frères Grimm finit bien : un chasseur ouvre le ventre du loup, y remplaçant la grand-mère et la fillette par de lourdes pierres ...

Chez Grimm, dans « La belle au bois dormant », la forêt, c'est la rêverie, l'adolescence pénible, en pleine métamorphose intérieure, c'est le temps psychique des changements des filles à l'adolescence.

Les frères Grimm,  bibliothécaires modestes, ont aimé la culture allemande. Pour sauver les contes populaires allemands, ils en ont collecté près de 300 et ont fait un véritable travail d'écrivain et d'érudition, les épurant de leurs grossièretés, leur donnant une belle forme littéraire, avec souvent plusieurs versions d'un même récit en respectant le rythme populaire.

 

Hélas, le conte peut être utilisé à des fins toxiques, des feuilletons idiots, de la publicité et ça marche car ils sont très puissants. Cela nous demande d'être vigilants !

 

Les contes philosophiques nous amènent à réfléchir sur des sujets. Par exemple, une nuit, en Amérique du nord un vieux sage indien dans son tipi raconte à un enfant qu'il pêche, qu'il est calme ici et que parfois il rencontre deux loups qui se battent. L'un est bon et ouvert, il prône la solidarité, la paix,et la gentillesse. L'autre est cruel, avide et menteur ... Vous aussi les rencontrerez.

« Lequel va gagner? » demandent l'enfant.  « C'est celui que tu nourriras, mon enfant. »

 

 Ensuite la conférencière dit quelques mots sur les mythes, comme celui de la genèse ou de la Création par le sacrifice du Purusha avec une dimension cosmique et l'origine des castes. Ils sont posés comme vrais au niveau symbolique et se célèbrent. On est inscrit dedans et on ne peut pas s'en extraire. Ils posent les fondements de notre réalité du monde et sont à l'origine des religions, boudhisme, christiannisme … Mythes d'emprisonnement ou libérateur ...

Ce sont des éléments structurants : on vient de là,  c'est comme ça . Ils donnent nos lois humaines, l'interdit du meurtre, de l'inceste, du vol … Ils mettent en infériorité de femmes, les grands savoirs et pouvoirs, culturels, politiques, religieux étant dévolus aux hommes … Est-ce parce que ce sont les femmes qui portent les enfants ?

 

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Puis la conférencière nous livre un exemple de l'utilisation du conte dans son travail.

Une conférence instructive et fort agréable, qui a suscité un bel intérêt chez les auditeurs.


texte de compte rendu et photos : M-Claire GOTTARDI


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"L'eau dans la tourmente du dérèglement climatique"
14 mars à 17h, amphithéâtre de l"INSPE de Vaivre: 
par J-Marie VIGOUREUX
L'auditoire était nombreux et intéressé ce mardi dans l'amphithéâtre de l'INSPE à Vaivre-Vesoul,  sans doute grâce à l'information généreuse qu'avait faite l'Est Républicain en liant l'annonce de la conférence « L'eau dans la tourmente du dérèglement climatique » avec les questions actuelles d'étiages des cours d'eau et d'appauvrissement des nappes phréatiques.

Le conférencier a commencé par rappeler en préambule ce qu'est l'effet de serre, nécessaire et bénéfique pour éviter que la terre ne soit à la température de -18°C s'il n'existait pas. En indiquant que les gaz qui absorbent les rayonnements infrarouges émis par la terre après qu'elle reçoit les rayonnements solaires, sont ceux qui sont contenus en très petite quantité (vapeur d'eau : 0,004 à 4%, dioxyde de carbone : 0,028% et méthane : 0,00017%), il précise d'une part que la terre est ainsi maintenue à une température moyenne de +15°C, et d'autre part que ce sont de toutes petites variations de ces gaz faiblement concentrés qui ont des conséquences négatives énormes (tout comme 1 ou 2 g de sel en trop  peut ruiner un plat plutôt que trop de pomme de terre ou de farine, les ingrédients principaux!). Avec les activités de l'homme, la concentration de ces gaz à effet de serre dans l'atmosphère augmente et c'est l'augmentation de l'effet de serre qui dérègle le climat, en perturbant le cycle de l'eau.

Jean-Marie Vigoureux précise aussi que parler d'une ''augmentation moyenne'' de la température de +2°C à la surface de la terre est une vue de l'esprit qui cache la réalité (tout comme la moyenne des notes des élèves d'une classe peut augmenter de 2 points alors que certaines baissent ou augmentent de bien plus de 2 points !). Ainsi sur terre, une augmentation par exemple de 2°C de la température moyenne masque des diversités locales énormes. Cela ne signifie pas qu'une température minimale passe de -12 °C à -10°C ou maximale de 28°C à 30°C. En effet, les océans, qui occupent les 4/5 de la surface terrestre, restent quasiment à température constante. Ainsi, pour avoir une moyenne d'élévation de +2°C, des variations locales au-dessus des terres seront beaucoup plus grandes ! Et le cycle de l'eau est perturbé !

Le cycle de l'eau devient trop intense et rapide. Sur les mers, l'évaporation est amplifiée, les précipitations conséquentes engendrées sont violentes, ravinant les sols, les compactant, les rendant imperméables. Cela engendre une perte en terres fertiles, des inondations et des nappes phréatiques qui n'arrivent pas à se reconstituer, l'eau liquide repartant à la mer. Sur les terres, l'évaporation crée des sécheresses car un sol qui perd son humidité subit des augmentations locales de température toujours plus énormes.

 A la lueur des propriétés de l'eau, nous progressons alors dans la compréhension des changements et des enjeux induits par une augmentation de la température.

Le conférencier montre comment les propriétés de l'eau font d'elle un bon bouclier contre le réchauffement.

- Premièrement, sa grande inertie thermique : l'eau liquide est difficile à réchauffer ou refroidir, comparativement à d'autres matériaux. Elle a tendance à garder une même température, même si elle reçoit ou perd beaucoup de chaleur. (On s'en rend compte l'été sur la plage en marchant avec plaisir dans de l'eau agréable, alors que le sable est parfois trop chaud et un métal brûlant bien que ces trois matériaux aient été exposés au même ensoleillement ! ). C'est grâce à cette propriété que les êtres vivants qui contiennent une grande proportion d'eau peuvent vivre dans des déserts torrides ou glacials,en stabilisant leur propre température. Il en est de même pour le sol : c'est grâce à l'eau qu'il contient que sa température augmente à peine, même en plein soleil. Si des sols ensoleillés perdent leur humidité, leur température s'élèvera dangereusement jusqu'à tuer les bactéries qui les fertilisent, créant de la désertification comme au Sahel, autrefois lieu de pâturages. C'est ce qui explique aussi que les océans n'ont pas une température qui fluctue autant que celle des terres.

- Deuxièmement, son évaporation : l'eau liquide emporte beaucoup d'énergie en devenant de la vapeur d'eau. Autrement dit, l'eau en s'évaporant refroidit le milieu d'où elle vient. La transpiration par exemple, est le phénomène naturel qui permet aux être vivants de se rafraîchir, par évaporation des gouttes de sueur sur leur peau. La fraîcheur sous les arbres l'été est due à leur sudation par leurs feuilles. On estime l'évapotranspiration annuelle totale sur la surface de la terre à 65 000 km3 d'eau soit la moitié de l'ensemble des précipitations. Or la déforestation se poursuit à un niveau de près de 10 millions d'hectares par an. Mais plus l'air est riche en humidité, plus l'évaporation est difficile. Or maintenant 70% de l'eau tombe en 15 jours. Il y en a la même quantité qu'avant, mais pas au bon moment! A cause des pluies brusques et abondantes, les chaleurs humides seront plus fréquentes et moins supportables. Température + humidité = inconfort voire danger !

- Troisièmement, l'eau est un bon solvant. Les océans ont absorbé une partie du dioxyde de carbone, mais la solubilité du dioxyde de carbone dans l'eau diminue quand la température augmente. Donc si leur température augmentait, ils pourraient le relâcher dans l'atmosphère en accélérant le réchauffement …

Les forêts contribuent aussi par la photosynthèse à capter du dioxyde de carbone, mais la déforestation se poursuit même si c'est à un rythme plus lent : abattage estimé de 2400 arbres par minute !

 A ajouter la fonte des glaces sur les continents, la dilatation de l'eau lors d'une élévation de température, et le niveau des océans pourrait monter de 0,50 voire 1,20 m, mettant en danger 1,6 milliards de personnes. (cf. La masse de glace qui persistait dans la baie de Larsen B depuis 2011 s'est effondrée en quelques jours au cours du dernier mois de janvier 2022. La surface qui s'est détachée de la côte équivaut à près de deux fois la ville de Buenos Aires !)

 Et ne pas oublier le cruel problème de la disponibilité de l'eau : 1,6 milliards de terriens en sont privés soit 23% de la population. Elle est la cause de 37 conflits actuels dans le monde et 300 potentiels. Dans ses usages de la vie courante, 40% sont gaspillés, de même que 65 % des eaux d'arrosage ou d'irrigation à cause de techniques mal maîtrisées.

 La succession des COP n'endiguent pas la tragédie climatique qui se joue. En 2023, la 28ème Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP 28) aura lieu à Dubaï du 30 novembre en 23 décembre, présidée par le PDG de la compagnie pétrolière des Emirats Arabes Unis. Depuis 2021, l'eau est cotée à la Bourse de Chicago. Ce n'est plus un droit, mais un besoin négociable ! L'eau devient une marchandise.

 

Mr Vigoureux présente le site suivant http://construireunautremondenousestpossible.wordpress.com/

 

Soyons vigilants. L'eau doit redevenir un droit humain.


Ouvrage de J-M Vigoureux  2019.


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La transition énergétique

par M. André CHAVANNE, 13 octobre à 17h30 à l'INSPE Vaivre


Jeudi 13 octobre 2022, une soixantaine d'auditeurs sont réunis dans l'amphithéâtre du Pôle universitaire de Vesoul, pour écouter la conférence donnée par Monsieur André Chavanne « Transition énergétique, bouteille à la mer pour une planète plus verte ».

 André Chavanne est le secrétaire de notre association AMOPA 70, secrétaire efficace et créatif. Concepteur du visuel de « La Lettre », feuillet d'information destiné aux adhérents et sympathisants,  il en réalise chaque mois la mise en page. Il a de multiples engagements d'intérêt public, en direction des jeunes ou des malades, au sein du Rotary Club de Vesoul par exemple ou de l'association Prévention Routière. Soucieux d'autrui et de la planète, il avait à cœur de partager ses réflexions et connaissances sur la question des énergies.

 Le conférencier a d'abord rappelé ce que sont les sources d'énergie fossiles (charbon, gaz, uranium ...) ou renouvelables (vent, eau, soleil, géothermie …), brossé un historique de l'utilisation de l'énergie, jalonné de quelques dates clés, comparé les productions et consommations d'énergie à travers le monde, dans les différents secteurs d'activité. Au cours d'un exposé très documenté et chiffré, il a mis l'accent sur le fait que l'homme fait, encore actuellement, davantage une addition d'énergies qu'une transition énergétique. Il a également soulevé la question de l'émission de gaz à effet de serre (GES) tel que le dioxyde de carbone et le méthane, responsables de l'augmentation de l'effet de serre, de même que celle des déchets radioactifs issus des centrales nucléaires, de leur catégorisation et de leur traitement. En conclusion, chaque source d'énergie a ses avantages et ses inconvénients, aucune n'est la panacée, aussi bien concernant sa durabilité que ses conséquences sur l'homme ou le climat. Sans doute faudrait-il, faudra-t-il mettre en œuvre davantage, et sérieusement, la halte au gaspillage, le développement des circuits courts, la réduction des consommations d'énergie non indispensable avec une répartition mondiale plus équitable pour le bien de l'homme et de la planète.

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HISTOIRE LOCALE le 04 octobre 2022 à 19h30 à Frotey les Vesoul

M.Maurice Coussement a donné une conférence sur le sujet : ''Poste aux chevaux et passages princiers à Vesoul entre 1744 et 1828''
Les membres de notre section AMOPA étaient invités.


Sur le sujet : article (2 pleines pages) dans l'Est Républicain page Htr-Saône10/11/2022  

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Compte-rendu de la conférence contée d'Edith Lombardi

"Quatre femmes remarquables" 

Mardi 05 avril 2022   INSPE Vaivre

  

Une quarantaine d'auditeurs étaient présents à l'INSPE, au pôle universitaire de Vaivre-Montoille, ce mardi 5 avril pour écouter la conférence proposée par Edith Lombardi : ''Quatre femmes remarquables''

C'est en musique que commença la conférence, avec un air composé et joué à l'accordéon par Willy Malaroda, accompagnée d'une évocation par la conférencière, de la journée du 8 mars sur le droit des femmes.

« Le 8 mars, c'était il y a un mois, mais le 8 mars c'est hier, c'est aujourd'hui et c'est demain »

 

La première histoire date de 800 ans avant notre ère, avec 5 siècles de transmission orale dans le peuple hébreu : l'histoire de Myriam et la naissance de Moïse.

En ce temps-là, le peuple hébreu résistant et uni, vit sous la dure férule du pharaon, qui ne l'accepte pas. Pour l'affaiblir, il décide de faire tuer tous les futurs bébés mâles. Mais les 2 accoucheuses égyptiennes Chifra et Poua désobéissent et laissent vivre les nourrissons mâles. Une femme lévi a mis au monde un garçon mais elle doit s'en séparer. Myriam la grande soeur regarde le coffret contenant son frère s'en aller sur les eaux de Nil et être recueilli par la fille du pharaon. Myriam s'adresse à elle : « Je connais la nourrice de ce petit. Tu peux le lui confier ». C'est ainsi que le petit, Moïse ou Moshe, grandit dans son peuple hébreu puis repartit chez les Egyptiens.

 

Willy reprend son accordéon ...

 

Puis, Edith Lombardi nous conte l'histoire de Jeanne d'Arc, suite à un travail avec Colette Beaune.  Jeanne naît d'un père laboureur aisé, pendant la guerre de 100 ans, alors que le peuple est en grande détresse. Elle vit à Domrémy, zone frontière. C'est une enfant qui souffre et qui a une grande empathie avec les autres, sans se protéger. Très sensible, elle fait semblant de ne pas prier. Dans le son des cloches, des voix la remplissent de paix : « il faut libérer le royaume de France des Anglais ». Des voix, des oracles, des prémonitions la mettent en confiance. A 17 ans, elle désobéit à son père et refuse ce que toute jeune fille doit faire : se marier et s'occuper de son ménage. Son père, meurtri, demande à ses fils de la tuer. Ils refusent. Elle part. Ses voix lui donnent courage et assurance. Elle va vers Charles VII : il faut libérer Orléans, premier verrou. Son bon sens est impressionnant alors que les dirigeants hésitent. Non seulement elle a fui, mais encore elle quitte tout ce qui fait une femme bien : elle coupe ses cheveux, monte à cheval à califourchon, porte des habits d'homme et tient une épée ! Orléans est libéré. Elle conduit le dauphin Charles VII à Reims pour être sacré roi. Vendue aux Anglais, elle est traitée non en soldat, mais en sorcière, et subit un procès d'Eglise, pour deux raisons :  elle a trahi sa position de femme et elle est guidée par le Malin. Elle a été réhabilitée quelques années plus tard. Surdouée, généreuse, intelligente, d'un courage total, telle était Jeanne.

 

Un nouvel air de Willy …

 

Et c'est une troisième femme qu'Edith Lombardi met à l'honneur, Irena Sendler.

Pendant la guerre de 1939-45, Irena, résistante polonaise, a sorti du ghetto juif de Varsovie et sauvé 2500 enfants juifs. C'est grâce à quatre jeunes étudiantes du Kansas, qui se rendirent en Pologne en 1999 pour rencontrer Irena Sendler, alors âgée de 89 ans, que son histoire a commencé à être connue. Alors qu'elle est étudiante en droit à Varsovie, Irena s'oppose au système des bancs-ghettos qui oblige les étudiants juifs à s'asseoir sur des bancs réservés. Avec l'arrivée d'Hitler prônant la mise à mort des polonais slaves qu'il considère comme une race inférieure, elle crée dans le ghetto une commission sanitaire agréée par les Allemands pour vérifier qu'il n'y a pas d'épidémie dans le ghetto et elle convainc les parents de lui confier leurs enfants. Elle fabrique des faux-papiers et commence à faire sortir les enfants clandestinement du ghetto, par un trou dans le mur ou cachés dans des camions de pompiers ou ambulances ou sous des ordures… Une rescapée raconte qu'elle fut cachée dans une boîte en bois placée sous des briques dans un chariot alors qu'elle avait 6 mois. Les enfants sont placés dans des familles d’accueil ou des orphelinats. Irena liste toutes les informations les concernant (véritable identité, famille d'accueil ...) sur des petits papiers qu'elle place dans des bouteilles en verre et enterre dans le jardin. Elle veut ainsi garder une trace de leurs réelles identités et pouvoir un jour les rendre à leur vraie famille. Ce qui fut fait. En souvenir de ces petits papiers, les étudiantes réalisèrent une pièce de théâtre intitulée « Life in a jar ». Née en 1910, torturée en 1943, décédée en 2008, Irena ne recevra pas le Prix Nobel de la Paix, attribué, l'année où elle avait été nominée, à Al Gore et le GIEC...

 















Elisabeth Kollar-Becker accompagne au chant Willy Malaroda avec l'un de ses textes où elle chante ces « femmes de cœur, de courage et de combat  … Que vos noms restent à jamais gravés dans la mémoire de l'humanité».

 

Maria Sklodowska  ou Marie Curie est la quatrième femme remarquable mise à l'honneur.

Dans la Pologne morcelée, il faut parler russe. La famille n'existe pas, sauf dans le coeur des gens. Le polonais est interdit. « Apprenez , apprenez encore, on ne vous prendra jamais votre savoir » répète le père de Maria. Les enfants apprennent. Beaucoup. Les langues, le français. Il y eut beaucoup d'émigration vers la France. Sa mère meurt de tuberculose. Son père professeur de mathématiques perd son poste. Bronia, sa sœur veut devenir médecin. Mais c'est impossible pour une fille en Pologne. Elle doit venir en France où les filles peuvent aller à l'université. Maria et Bronia s'entraident. Maria devient gouvernante chez un sucrier et envoie la moitié de son salaire à sa soeur. Elle enseigne aux enfants et apprend la chimie dans les livres des ingénieurs de la sucrerie. Les étudiants n'aimaient pas les filles, elles qui redoutaient la vue du sang et dont le cerveau ne comprenait pas ! Maria vient en France et rencontre Pierre. Elle préférerait retourner en Pologne mais ils se marient. Tous deux travaillent avec acharnement. Pierre meurt à 49 ans, elle occupe sa chaire. Elle équipe les ambulances d'appareils de radiographie. Après la guerre, elle travaille enfin à l'Institut du Radium. Elle y accueille de nombreux étudiants, garçons et filles, contribuant à l'émancipation féminine en France et ailleurs. Atteinte d’une leucémie radio-induite, le 4 juillet 1934 elle meurt. Elle a 66 ans.

 

Musique. Applaudissements nourris pour chacun : conférencière, musicien, chanteuse.

Ce fut un moment fort agréable.


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La dernière conférence de Jean-Marie Vigoureux s'est tenue le Mardi 14 septembre 2021.

"Petite histoire de la chute des pommes ou Petite histoire de la gravitation"


       


 Voici le compte rendu

réalisé par M-Claire GOTTARDI :


« Petite histoire de la chute des pommes,

de l'Antiquité à Newton et Einstein »



 

Dès le VIème siècle avant JC, aux 4 coins de la planète, Confucius et Lao-Tseu en Chine, Boudha en Inde, Thalès en Ionie, Pythagore en Italie pensent des questions essentielles sur l'humanité.

Thalès par exemple, ingénieur militaire aux pieds bien ancrés sur terre, voit toutes les souffrances du monde, des gens qui meurent de maladies ou famines, la foudre qui détruit les récoltes et il veut « trouver la raison des choses ». Pour aider l'humanité à vivre mieux. L'école de Thalès se pose la question du « comment » et du « pourquoi » concernant les phénomènes considérés comme purement « naturels », c'est-à-dire « physiques », sans plus aucune référence aux dieux.

 

Pourquoi sur la terre les corps tombent-ils et dans le ciel ne tombent-ils pas ?

   Aristote (-384;-322) affirmait que la pierre tombe comme un cheval rentre à l'écurie car c'est là sa place naturelle. Et par le chemin le plus court : la ligne droite.  Au contraire, dans le ciel les objets tournent selon des cercles car le cercle est la seule figure parfaite qui convienne aux dieux (points tous équidistants du centre, pas de début ni fin, le cercle c'est l'éternité).

Ainsi il y a deux mondes distincts :   

- le monde naturel : terrestre

- le monde sur-naturel : céleste

 










Toute l'organisation de notre monde provient de cette représentation du monde : architecture, jeux, repas, classification des connaissances, vocabulaire, organisation sociale (Cf. Conférence de JM Vigoureux « les représentations du monde ».

Cette représentation durera jusqu'à Copernic (1473-1543). Avec lui, toute une culture plurimillénaire s'écroule : le soleil est immobile au centre du monde et la terre tourne autour de lui. Ainsi la terre est au ciel ! : c'est la révolution (à double titre) copernicienne.

 

Ensuite, Képler (1571-1630) étudie le mouvement des corps célestes et trouve les lois du mouvement des planètes autour du soleil. Il affirme que les phénomènes célestes ont, eux aussi, une cause, une origine : tout se passe dans le ciel comme sur la terre.

 

Galilée (1564-1642) quant à lui, étudie le mouvement des corps terrestres et énonce la loi de chute des corps : « tous les corps quelle que soit leur masse, ont le même mouvement de chute libre».(L'expérience faite par David Scott en juillet 1971 du lâcher simultané d'une plume et d'un marteau sur la lune le montre). Les phénomènes terrestres obéissent à des lois comme les phénomènes célestes : tout se passe sur la terre comme dans le ciel.

 

Newton (1642- 1727) entend ces deux affirmations.  Il s'interroge : Pourquoi la pomme tombe-telle et la lune ne tombe-t-elle pas ?

Pourquoi la lune ne tombe-telle pas et tourne ?

Pourquoi la pomme tombe-t-elle et ne tourne pas ?

Il y a peut-être une unité … Une pomme lâchée sans vitesse initiale tombe à la verticale, mais si elle est lancée, elle tombe un peu plus loin, et de plus en plus loin si elle est lancée de plus en plus fort. Si on la lançait très fort, peut-être ferait-elle le tour de la terre avant de toucher le sol ...ou sans toucher le sol, comme la lune, tournerait-elle autour de la terre… La lune n'en finit pas de tomber et rate sa chute … !

 

Paul Valéry dira de Newton : « Il fallait bien être Newton pour s'apercevoir que la lune tombe quand tout le monde voit qu'elle ne tombe pas ! »

 

Le  raisonnement de Newton :

Il s'appuie sur le principe d'inertie énoncé par Descartes (1596-1650) : seul un mouvement en ligne droite et à vitesse constante peut se conserver de lui-même.

Si la pomme est en chute accélérée et si la lune a une trajectoire circulaire autour de la terre c'est que «quelque chose» les retire d'un mouvement rectiligne uniforme. Ce quelque chose est ce que Newton appellera une « force ». Et cette force est une force d'attraction due la terre, qui s'exerce sur la pomme comme sur la lune. Newton en cherche les caractéristiques et énonce la « loi de gravitation universelle » :

Deux corps quelconques, au ciel comme sur terre, exercent l'un sur l'autre une force attractive proportionnelle à leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare soit : 

 

 ( x est le signe « multiplié »)

 

ou plus simplement (avec les initiales) : (G est la constante de proportionnalité)

 

Théorie extraordinaire, complètement folle, une attraction à distance, sans contact entre les corps !!

Newton lui-même en dira : «Que la gravité soit infuse, inhérente et essentielle à la matière, de telle façon qu'un corps agisse à distance sur un autre à travers le vide [...], tout cela me paraît d'une telle absurdité qu'à mon sens, aucun homme capable de réfléchir en philosophie ne pourra jamais s'y laisser prendre. »

 

Et pourtant la théorie de Newton s'impose car elle explique les deux marées par jour, le renflement de la terre à l'équateur, le mouvement des comètes … On met de côté les problèmes et on s'intéresse aux prédictions que donne cette théorie, comme le retour de la comète de Halley en 1758 ou  l'existence d'une nouvelle planète découverte plus tard par Le Verrier (Neptune) … toutes prédictions qui s'avérèrent correctes.

 


Et depuis Newton, les mathématiques accompagnent toutes les grandes avancées en physique.

 

Einstein (1879-1955), avec sons sens critique, constate un paradoxe dans les découvertes de ses prédécesseurs : les pommes tombent à cause de leur masse (Newton) et pourtant leur masse n'intervient pas dans leur loi de chute (Galilée) !

Il en déduit que les masses ne s'attirent pas.

Il n'existe pas de force de gravitation. Ce ne sont là que de pures inventions de l'esprit. Les pommes tombent non pas à cause de leur masse, mais à cause de quelque chose d'extérieur à elles.

Il fait une expérience de pensée : des passagers vivent en impesanteur dans une fusée qui se déplace à vitesse constante en ligne droite loin de tout ; tout à coup ils s'écrasent sur le sol. Pourquoi ? Peut-être la fusée s'est -t-elle mise à accélérer ? Peut-être la fusée s'est-elle posée sur une planète et la gravitation les attire-t-elle vers le bas ? Einstein suggère donc un « principe d'équivalence » entre « accélération » et « gravitation ».

Dans la physique de Newton, la chute d'un corps de masse m est décrite, dans ces 2 cas, par deux équations différentes :

- si la fusée est posée une planète de masse M, c'est l'action de la force de gravitation qui intervient :

- si la fusée accélère, c'est l'action d'une force d'inertie qui intervient :

 

Ces deux équations doivent pouvoir s'écrire de façon unique. Il cherche un passage mathématique entre les grandeurs qui interviennent dans ces deux expressions. L'accélération est une variation de vitesse où seuls le temps et l'espace interviennent, Donc le mouvement des planètes et la chute des corps doivent pouvoir s'expliquer par des propriétés attribuées à l'espace et au temps.


La gravitation n'est pas une propriété des masses  mais une propriété de l'espace-temps dans lequel elles se trouvent.

 

Le monde scientifique reste rêveur … Et pourtant cette nouvelle théorie de l'espace-temps que déformeraient des masses, explique le mouvement de Mercure, prédit la déviation de la lumière par une masse (vérifiée lors de l'éclipse de 1919), prédit le ralentissement de l'écoulement du temps au voisinage d'une masse (vérifié à Harvard en 1960 par l'expérience de Pound, Rebka puis Snider en 1964). La différence est minime : 1 seconde en 13 000 000 d'années entre un rez-de-chaussée d'immeuble et le 10ème étage mais elle existe! Elle prédit aussi l'existence des trous noirs.

 

Avec la puissance des raisonnements simples et rigoureux d'Einstein pour comprendre le sens caché des phénomènes, et sa quête de l'harmonie, ce sont aussi les mathématiques qui permettent cette nouvelle théorie : les géométries non euclidiennes.

Pour en avoir une image, l'espace à deux dimensions n'est plus plan mais courbe, comme un trampoline déformé par un objet lourd posé en son centre. Une bille lancée sur cet espace courbe ne continue plus son mouvement rectiligne uniforme comme sur un plan, mais tourne en allant vers le creux, naturellement, non pas parce qu'elle est attirée par l'objet lourd posé dans le trampoline, mais parce que la déformation du trampoline impose cette trajectoire.

 

Conclusion : leçon d'Einstein 



  • Les masses ne s'attirent pas.
  • Ne pas confondre les faits et les modèles qui tentent de les expliquer.

 

Le contenu de cette conférence est développée dans deux des ouvrages de Jean-Marie Vigoureux :

« Les pommes de Newton » chez Albin Michel Sciences et « la quête d'Einstein » chez Ellipses.




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Suite du cycle "La révolution copernicienne" - Mardi 19 novembre 2019 à 17h30

Conférence de M. J-Marie VIGOUREUX

ESPE de Vaivre

"Sur les traces de Képler" : Johannes Kepler, une quête de l'harmonie du monde… et une quête du sens … du sens de sa vie.

1571 : Entre Copernic (1473-1543) et Newton (1642-1727), naît Kepler. Tout l'oppose à son contemporain Galilée, bon vivant, d'une bonne classe sociale. Lui, Johannes Kepler est né dans une famille d'exclus, rejetés du village. Son père a vendu ses bras comme mercenaire au duc d'Albe, alors que sa famille est protestante. On dit d'eux que ce sont des « dégénérés et psychopathes qui épousent des gens de même acabit ».

Il a beaucoup d'ennemis, est querelleur, a failli être pendu. Il dit de sa mère qu'elle était petite et de mauvais caractère. Il vit avec ses oncles et tantes, à plus de 12, entassés. Son père a eu le visage éclaté par de la poudre ; une tante fut brûlée pour sorcellerie.

Très vite sa vue est brouillée : Le premier astronome moderne voit très mal !

Mais sa mère connaît les plantes qui guérissent. Elle l'emmène à 5 ans, la nuit, voir une comète. La lune est sa grande amie. En relation avec elle, il se pose des questions et développe une intelligence aiguë du monde et du vivant.

Les ducs de Wurtemberg distribuent des bourses d'étude aux jeunes protestants les plus doués et les plus méritants. Occasion inespérée de reprendre l'école, espoir de trouver une réponse à ses questions :

Qu'est-ce qui fait la différence entre les hommes ? Pourquoi certains sont-ils heureux et d'autres non? Le destin est-il tracé ? Pourquoi la souffrance ? Dieu aime-t-il tous les hommes ? Moi-même suis-je aimé de Dieu ? Est-il interdit à un berger d'étudier parce qu'il est pauvre ? Il a 10 ans.

Il reste au petit séminaire pendant 6 ans, où il est le seul pauvre. Chaque jour il comptait ses ennemis. Il a une agressivité à fleur de peau. Il est inconstant avec des '' brusques enthousiasmes qui ne durent pas '', mais curieux et imaginatif. Il est luthérien et ... découvre que Luther a dit non au Pape ! Puis c'est la fin de ses études. Son père est parti. Il va à la faculté de théologie à Tübingen. Il a grandi. C'est un jeune homme. Il est prêt à interroger les astres. Il fait l'horoscope pour toute sa famille dont lui-même et calcule qu'il « fut conçu le 16 mai 1571 à 4h37 min du matin et mis au monde le 27 décembre à 2h37 de l'après-midi après une grossesse de 224 jours 9h et 53 min ». Il veut devenir pasteur mais ses supérieurs lui barrent la route car sa liberté de penser dérange (la vérité est aussi chez Calvin et les catholiques) et il a défendu Copernic dans un débat public.

Il est nommé ''mathematicus'' à Gratz. Il a 23 ans.

Cette route de Gratz est ''sa'' route. A pied, route mystique. Son regard intérieur se transforme. Il médite

Luther est avec lui : rien ne peut jamais nous séparer de Dieu. Et Copernic l'a conquis : l'héliocentrisme est comme une nouvelle naissance : tout est à réinventer, toute la philosophie est à reconstruire .

Ainsi, il apprend à dire oui au monde et à lui.

Il devient donc astronome, fait des horoscopes. Il se rend compte que le sens de sa vie n'est pas supérieure, mais au contraire bien inférieure, au sens de l'univers :

  • Pourquoi 6 astres et non 20 ou 100?
  • Pourquoi les distances et les vitesses sont-elles ce qu'elles sont ?

Il imagine 5 solides pour séparer les 6 planètes (les 5 solides de Platon), triangle, carré, pentagone...

Il publie son livre : '' le Mystère cosmique '' sur le sujet en 1596, où il va jusqu'à déterminer la date de création de l'univers, le 27 avril 4977 avant J-C. Il l'envoie à Galilée de 8 ans son aîné qui ne lui répond jamais. Il l'envoie aussi à Tycho Brahé, un despote, bon vivant, mort d'avoir trop mangé, qui a perdu son nez perdu lors d'un duel à cause d'un désaccord scientifique !

Képler reconnaît ses erreurs : « Une chienne trop pressée fait des chiens aveugles ». ll croit l'erreur comme quelque chose de positif. Et il continue à chercher l'harmonie du monde.

Il cherche alors dans la musique, avec une mélodie associée à chaque planète.

Il s'est mariée avec une double veuve Barbara Muehleck (il a fait l'horoscope de 23 femmes possibles). Son 1er fils meurt, puis sa fille 2 ans plus tard, tous deux de méningite cérébrale. Sa femme meurt 1 an après, folle.

Il part à Prague vers Tycho Brahé. Lui a 29 ans, est miséreux. Tycho Brahé, 53 ans, est immensément riche ; il grave la position des étoiles sur une sphère de cuivre qui coûte l'équivalent de 80 ans de travail de Kepler.

Chacun a besoin de l'autre : Képler est bon mathématicien, Tycho Brahé, excellent observateur, fait les mesures. On est en 1600. Tous les deux sont susceptibles et irascibles : Kepler part en claquant la porte, mais revient. Tycho Brahé demande des excuses. Kepler les lui fait. Tycho Brahé l'accueille à nouveau et lui confie l'étude de l'orbite de Mars : Kepler met 6 ans pour la résoudre : Résultats, c'est un cercle si le soleil n'est pas au centre ! En supposant que l'orbite de Mars soit un cercle de 1 m de diamètre, le soleil est décalé du centre de 9 cm. Il ne fait une erreur que de 2 min d'arc, soit une balle de tennis à 100 m. Mais les positions observées et calculées de Mars ne coïncident pas exactement … jusqu'à 8 min d'arc d'écart ! Il s'obstine, il cherche … Et il trouve : la vitesse de la planète n'est pas constante. Mais renoncer à la trajectoire circulaire ? Combien de points sont nécessaires pour définir un cercle ? Trois. Mais combien pour d'autres courbes inconnues ? Il fait 80 essais pour d'autres courbes. Il fait 70 fois des calculs de 700 pages, et la réponse s'impose : la trajectoire est une ellipse. C'est impensable! Il s'y plie de mauvais gré en s'excusant : j'ai jeté « une charretée de fumier dans le système du monde ».

Il écrit alors '' La Physique Céleste '' un titre révolutionnaire car physis en grec signifie « nature, ce qui évolue » alors que le ciel a toujours été considéré immuable. Je fais un livre sur ''la nature du surnaturel'' : les deux mondes, terrestre et céleste, sont liés. C'est la réforme complète de l'astronomie. Il faut trouver un lien entre les trajectoires de toutes ces planètes, leurs durées de révolution et leur distance au soleil, trouver une cohérence : '' puissions-nous voir le jour où les deux séries de chiffres s'accordent !'' La loi des aires établie pour Mars, Kepler est convaincu qu'elle est valable pour toutes les planètes : la vitesse d'une planète (sur sa trajectoire elliptique autour du soleil qui en est un foyer) est d'autant plus grande qu'elle est plus rapprochée du soleil (a3/T2 = constante). Le carré, le cube, ce n'est pas ce qui est fondamental ... En trouvant les lois des planètes, Kepler s'est trouvé lui-même. Il accepte ces lois sans en comprendre le sens : « Au-delà des déchirements, la vie et le monde ont un sens

Son 3ème enfant meurt, puis sa femme. Prague est en feu. Avec ses 2 enfants de 4 et 6 ans, il part à Linsk. Il est excommunié, il vit à l'extérieur de la ville, sans travail, affamé. A Leonberg sa mère est accusée de sorcellerie. 38 femmes sont brûlées près de Weil der Stadt, sa ville natale. Il se bat pendant 4 ans pour elle. Elle meurt en sortant du cachot. C'est la défenestration de Prague qui mène au début de la guerre de 30 ans

Kepler est libéré. Détendu, à 41 ans, il épouse Suzanne, 24 ans, sans horoscope, sans se préoccuper des commérages.

Il écrit '' Les Cinq Livres de l'harmonie du monde ''. Il erre en Europe : Ulm, Sagan ...

Son dernier livre, '' le songe lunaire '' raconte ses découvertes et sa vie. Sa fille Suzanne disparaît, il repart, la recherche sur les routes, se rend à Ratisbonne, malheureux parmi les pauvres malheureux qui fuient la guerre de 100 ans.

Le15 novembre 1630, il meurt. « Il ne parlait pas, dit-on, mais de l'index, montrait tantôt sa tête, tantôt le ciel».

Ainsi vécut Kepler, homme exceptionnel et authentique chercheur, sans relâche à la recherche de ''l'harmonie du monde''. Ni Galilée, ni Newton ne reconnaîtront jamais la place exceptionnelle qui est la sienne, géant parmi les astronomes, géant parmi les hommes.

M-Clare GOTTARDI

PS : Vous pouvez retrouver la narration de la vie et des découvertes de Kepler dans l'ouvrage ''les pommes de Newton" de J-Marie Vigoureux.


Conférence "Des étoiles à la vie" - Mardi 30 avril 2019

Des étoiles à la vieConférence de M. J-Marie VIGOUREUX

ESPE de Vaivre

« L'explosion d'une étoile a pour effet d'éjecter dans l'univers, en un nuage énorme, la matière qu'elle a synthétisée lors de ses combustions nucléaires successives. C'est l'histoire de cette matière lancée dans l'espace que je me propose de conter »

Jean-Marie Vigoureux

Quatre-vingts auditeurs sont présents pour cette deuxième conférence scientifique donnée par Monsieur Jean-Marie Vigoureux, en cette douce fin d'après-midi printanier.

Monsieur Dautriche accueille avec satisfaction le public nombreux et le remercie chaleureusement, ainsi que Monsieur Vigoureux, de répondre favorablement à ce rendez-vous, qui deviendra semestriel. Il remercie l'ESPE de nous accueillir dans ses locaux. Et le voyage sur le chemin de la vie post Big Bang commence …

Quelques minutes après le Big Bang, il n'y a dans l'univers que des noyaux d'hydrogène.

M. Vigoureux indique que pour comprendre l'évolution stellaire, deux choses sont à savoir :

1/ les masses s'attirent et d'autant plus fortement qu'elles sont fortes.
2/ plus un gaz est comprimé, plus il s'échauffe.

Il conte alors comment des grumeaux se forment, devenant de plus en plus massifs et chauds, passant de -270 degrés à 10 millions de degrés. Les poussières d'hydrogène fusionnent et forment des noyaux d'hélium en émettant de l'énergie : c'est la fusion thermonucléaire. Le globule noir invisible explose et devient brillant : c'est une étoile, comme notre soleil, dont le cœur est à 18 millions de degrés. L'hélium est très stable et pourtant l'évolution ne s'arrête pas là !

D'autres contractions, échauffements et à 200 millions de degrés, le carbone est fabriqué, indispensable à la vie, puis l'azote, le calcium, le magnésium et le fer. Après une première évolution, gravitationnelle, suit une deuxième évolution, chimique, avec l'intervention des charges électriques. Les noyaux, positifs, piègent des électrons, négatifs. Il se forme alors des atomes, 92 sortes d'atomes dont 13 sortes seulement suffisent pour former 99,8 % de l'univers. La synthèse de tous les éléments naturels terminée, l'étoile devient une géante rouge ou s'effondre et explose en supernova. Il en reste une nébuleuse, faite de tous les éléments synthétisés dans le cœur de l'étoile, avec parfois en plus, en son centre, un pulsar ou une naine blanche ou un trou noir. Mais ces atomes sont neutres. L'évolution s'arrêtera-t-elle donc là ?

Non ! La nature trouve une petite piste ! Le hasard des rencontres ! Même dans le vide interstellaire, sur des milliards d'années, ces rencontres permettent la formation de molécules : eau (H2O), ammoniac (NH3), méthane (CH4). Mais des rayonnements permanents, ultra-violets, rayons X, rayons cosmiques cassent ces molécules et les transforment en ions. Nouvel obstacle à l'évolution... Et pourtant ! Sur des poussières cosmiques intersidérales, des molécules d'eau se font piéger et cette glace protège des rayons ionisants. La survie reste difficile. Ces molécules rêvent d'un univers plus chaud … que les -270 °C du vide intersidéral, pour s'agiter plus et faire des rencontres. Il faudrait qu'il y ait dans l'univers un coin plus peuplé et à l'abri du danger des rayonnements.

M. Vigoureux sait expliquer que ce coin existe! Juste près d'une étoile, ni trop près ni trop loin ! Là, près du soleil, il y a 4,6 milliards d'années, il y a ces grumeaux qui vont donner les planètes. C'est l'aube de l'évolution biologique. La terre est en fusion, la lune est toute proche, il y a des météorites, des corps radioactifs, de l'eau dans la lave, piégée sous forme de vapeur. L'atmosphère est faite de méthane, ammoniac, eau et dioxyde de carbone, mais pas de dioxygène. L'ionosphère est protectrice. Mais l'eau ne peut pas être sur le sol. Elle est en altitude.

Malgré les orages en altitude, l'eau qui tombe n'atteint pas le sol car il est à 500 °C : l'orage remonte! Mais au fil du temps, le sol se refroidit et la pluie finit par l'atteindre. Il pleut alors toute l'eau des océans, un volume énorme ! De planète rouge en fusion, la terre devient la planète bleue. De l'océan jaillissent les continents. Avec l'eau, toutes les conditions sont réunies pour permettre l'évolution : abri des rayonnements, température optimale, propriétés exceptionnelles de l'eau. La vie est dans les océans sous forme d'algues minuscules...

M. Vigoureux cite l'expérience de Miller et Urey reconstituant la manière dont a pu se faire la synthèse de nouvelles molécules organiques : graisses, sucres, alcools ou acides aminés. Chacune a son rôle dans la structure des êtres vivants, comme le maçon, l'ouvrier ou le maître d'oeuvre dans le bâtiment. Mais sucres et alcools s'usent : c'est la première crise de l'énergie. L'évolution s'arrêtera-t-elle là ?

Non ! Ces petites algues vont trouver le moyen d'aller chercher l'énergie dans le soleil grâce au dioxyde de carbone CO2. Elles rejettent du gaz oxygène O2. Ainsi l'oxygène est dans l'atmosphère. C'est la photosynthèse. L'évolution biologique se poursuit : cytochrome C, molécule de 3000 atomes, qui capture l'oxygène et l'introduit dans l'organisme ; ADN humain, macromolécule hélicoïdale de 100 milliards d'atomes, qui déroulé, serait long de 2,36 m ; être humain avec ses 1027 atomes (1 milliard de milliard de milliards d'atomes), empreinte de pas d'un l'homme, il y a 3,6 millions d'années, conservée dans la cendre volcanique découverte en Tanzanie. Ces hommes qui migreront vers le nord ...

Des étoiles à la vie

 

 

Des étoiles à la vie

 

 

Des étoiles à la vie

 

 

Des étoiles à la vie

A travers son récit, Mr Vigoureux a bien su montrer comment la vie était issue, dans le cosmos, d'une série d'obstacles permanents, franchis les uns après les autres et comment son évolution cosmique a nécessité plusieurs générations d'étoiles, une série de conditions réunies, de celles des physiciens à celles des biologistes en passant par celles des chimistes et ...15 milliards d'années !

La prochaine conférence est prévue en octobre. Elle nous mènera sur les pas de l'astronome Képler...

Marie-Claire GOTTARDI


"Aux sources de notre culture, des premières représentations du monde à la révolution copernicienne" - 9 octobre 2018

Révolution copernicienneConférence de M. J-Marie VIGOUREUX

ESPE de Vaivre

Une première conférence … sur les chemins de la science.
Révolution des planètes, Révolution des idées, C'est aussi la position centrale de l'homme qui est remise en question.

Fin d'après-midi automnale douce et ensoleillée à l'ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education) de Vesoul, proche du lac de Vaivre et Montoille, ce mardi 9 octobre 2018.

Tout est prêt : fléchage efficace, grand parking, bel amphithéâtre en rez-de chaussée ...

Il subsiste un peu de fébrilité chez les organisateurs : le public sera-t-il au rendez-vous de cette première conférence de Jean-Marie Vigoureux demandée par l'AMOPA 70 ?

C’est un projet que le Comité Consultatif a depuis deux ans : offrir et promouvoir des conférences culturelles scientifiques. Proposer à chacun, scientifique ou non, de se laisser embarquer à la découverte des sciences, trop souvent hélas, considérées, à tort, comme étant réservées à des initiés. Pour atteindre cet objectif, le Comité Consultatif a fait appel au professeur Jean-Marie Vigoureux, conférencier et vulgarisateur hors pair, qui sait faire profiter son auditoire de sa haute compétence et de ses qualités de pédagogue. Mr Vigoureux a aimablement accepté notre invitation et ce projet trouve ainsi sa concrétisation dans cette première proposition de conférence : ‘‘Aux sources de notre culture, des premières représentations du monde à la révolution Copernicienne’’.

Si le succès est au rendez-vous, cette rencontre avec M. Vigoureux et les sciences sera suivie de plusieurs autres rencontres ...

Il est 17 h30, joie partagée, nous sommes une soixantaine d'auditeurs environ, amopaliens, sympathisants ou simplement personnes intéressées car la conférence est ouverte à tous.

Le président Christian Dautriche accueille le public, avec soulagement et bonheur et le remercie de sa présence. Il remercie également l'ESPE d'avoir permis l'organisation de cette conférence dans ses locaux. IL accueille ensuite et remercie chaleureusement Monsieur Jean-Marie Vigoureux d'avoir accepté l'invitation de l'AMOPA 70. Mme Gottardi présente succinctement le conférencier, ses travaux, ses conférences et ses ouvrages. Puis parole est donnée à Monsieur Vigoureux ...

Présentation du conférencier :

Jean-Marie Vigoureux

Jean-Marie Vigoureux est professeur émérite à l’Université de Franche-Comté.
Ses recherches portent essentiellement sur les interactions entre matière et lumière à très petite échelle et sur la théorie de la relativité.

Il a dirigé jusqu’à janvier 2007 l’équipe «structures nanoscopiques, interfaces et phénomènes de transport ».
Il fait actuellement partie de l'équipe PhAs (Physique théorique & Astrophysique) de l'Institut UTINAM (Univers,Temps-fréquence, Interfaces, Nanostructures, Atmosphère et environnement, Molécules), unité de recherche pluridisciplinaire placée sous la tutelle conjointe du CNRS et de l’Université de Franche-Comté.

Outre la recherche, Jean-Marie Vigoureux consacre une part importante de ses activités à la diffusion de la culture scientifique et technique par des cours grand public et de nombreuses conférences qui abordent autant l’histoire de la pensée scientifique que des sujets d’actualité .

Il a publié 4 livres destinés à un public curieux mais non spécialiste dans lesquels il présente la pensée scientifique dans son contexte historique en s’appuyant sur le cheminement des personnes qui l’ont portée :

  • « Les pommes de Newton » (Albin Michel 2003),
  • « La quête d’Einstein » (Ellipses 2005) ;
  • « L’Univers en perspective » (Ellipses 2006)
  • « La Science et le veau d’or » (Les Chemins de terre. les.chemins.de.terre.@free.fr)

La conférence

Elle nous plonge tout d'abord dans les représentations du monde qu'ont eues successivement les peuples babylonien, égyptien et hébreu, dont nous héritons et qui révèlent de manière symbolique leurs espérances et leurs angoisses. Quand maintenant, nous parlons de la pluie et du beau temps, c'est que nous n'avons rien d'important à dire. Pour ces peuples, c'était parler de ce qui est l'essentiel : la rosée, la pluie nourricière, ce qui vient du ciel, là où sont dieux et déesses, parler de là où est la vie. Avez-vous remarqué la similitude de représentation d'un homme et d'une étoile ?  Un homme Une étoile 

Aussi les Anciens scrutent-ils le ciel assidûment ! L'astronomie, indissociable de l'astrologie, se développe et atteint une précision surprenante. Le firmament est une voûte solide qui abrite les astres lumineux, fixes ou errants, étoiles et planètes. En-dessous de cette voûte , la terre est une île entourée d'eau. Sous elle, existe un tunnel qui permet au soleil, chaque nuit, après son coucher, de le traverser et revenir se lever de l'autre côté.

Mr Vigoureux explique en détail la symbolique, très différente, de ces trois univers.

Celle de l'univers hébraïque se distingue des précédentes par la forme carrée de la terre et la conscience de l'immensité du cosmos.

Mr Vigoureux explique comment l'évolution de ces représentations révèle de manière imagée une croyance, une découverte ou une nouvelle question des hommes...

Les pommes de Newton

Illustration extraite de l'ouvrage
''les pommes de Newton''J-M Vigoureux.

Puis c'est l'héritage grec avec sa question fondamentale : Pourquoi sur la terre les objets tombent-ils, sans vitesse initiale, en ligne droite alors que dans le ciel les étoiles ne tombent pas et se déplacent sur des cercles ? On cherche alors à expliquer le monde sans se référer aux dieux, comme Thalès en géomètre ou comme Pythagore pour lequel tout est nombre.

Ensuite, avec le développement du christianisme, s'ajoute le symbole de la croix comme lien entre la terre et le ciel, le divin et l'humain, le carré et le cercle. Pensons au plan des églises, au jeu de marelle ou à l'homme de Vitruve ! C'est dans ce contexte dualiste du Moyen-Âge que timidement se développe une connaissance scientifique. Trois ''géants'' comme dira Newton, remettent en doute leurs propres certitudes et émettent des hypothèses à l'encontre de l'enseignement traditionnel. Il s'agit de Copernic, Képler et Galilée.

Le mot ''révolution '' prend alors tout son sens, un double sens ! Révolution des planètes autour du soleil ! Révolution des idées …

Né en Pologne en 1473, orphelin à 12 ans, Copernic, timide et solitaire est un personnage attachant. Il exerce gratuitement la médecine et il est chanoine quand il s'intéresse à l'astronomie. Il connaît les textes anciens dont certains déjà placent le soleil au centre de l'univers. Ce système héliocentrique s'impose à lui car la description du mouvement des planètes dans le ciel sera tellement plus aisé ! Mais bien qu'encouragé par le pape , il garde son manuscrit sans le publier pendant près de 30 ans et annonce sa découverte comme simple hypothèse mathématique, sans nécessité d'être vraie...

Après avoir été ouverte à ce nouveau modèle, contrairement à l'Eglise Réformée, l'Eglise Catholique s'y oppose avec violence. En 1600, Giordano Bruno est brûlé vif à Rome, en 1633, Galilée se rétracte devant l'Inquisition. Avec cette représentation héliocentrique de l'univers, ce n'est pas seulement l'Eglise qui est en passe de perdre son statut d'unique passage entre la terre et le ciel et ainsi de perdre son pouvoir, ce sont toutes les activités humaines et la société elle-même qui sont bouleversées. Monsieur Vigoureux montre, avec maints exemples, combien cette dimension ''verticale'' du géocentrisme impacte les activités humaines, de l'architecture à l'élaboration des repas ou l'exercice de la justice, en passant par la hiérarchie dans l'échelle sociale ! Avec des repères classiques modifiés, l'héliocentrisme est un redoutable danger. Avec la terre chassée du ''centre du monde'', l'homme aussi perd sa position centrale, rassurante ...

''Le silence éternel de ces espace infinis m'effraie'' Blaise Pascal

La conférence se termine ainsi sur ces bouleversements engendrés par la révolution copernicienne, révolution des astres, révolution culturelle et spirituelle ...

Monsieur Vigoureux reçoit des applaudissements soutenus de l'auditoire. Il s'ensuit un temps d'échange et de questions, riche de multiples interventions, avant une petite séance de dédicace.

Le thème de cette conférence est traité dans la première partie de l'ouvrage ''les pommes de Newton''.

Vu l'intérêt suscité par cette conférence et la satisfaction des auditeurs et du conférencier, d'autres conférences vont suivre, au rythme de deux par année. Ainsi, fin mars ou avril, continuerons-nous notre chemin de découverte, sur les traces de Képler ou bien avec le trio soleil-lune-terre lui-même !

Marie-Claire GOTTARDI